Muruga


MURUGA

Dans les états du sud, le Kerala et le Tamil Nadu, les fils de Shiva (Ganesh et Skanda) sont adorés en tant que Shakti (pouvoir), ils sont la manifestation de la force de Shiva incarnée dans le monde quotidien et spirituel.  Dans toutes les mythologies, les « initiés » ont cherchés à écrire l’enseignement de leurs pratiques de telle façon qu’elles soient accessibles à tous mais véritablement comprises par les chercheurs. On retrouve d'ailleurs cette façon symbolique de déguiser des vérités en occident dans les légendes et les contes pour enfants.

Les rishis indiens ont symbolisé leurs connaissances pour expliquer les phénomènes résultant du travail sur le Soi et l’ouverture des différents chakras car il s’agit d’un enseignement permettant au disciple de parvenir à la réalisation de son soi. Pour le simple lecteur, la lecture littérale de cette mythologie ne permet d’y voir qu’un panthéon de dieux et déesses, soumis aux affres de la vie quotidienne dans ses envies, jalousies et colères.

La mythologie de la famille Shiva, Parvati et leurs progénitures est un symbolisme important dans ce travail de yoga. Partant du sacrum, l’énergie remonte le long de la kundalini, éveillant les différents chakras et parvenant au final à jaillir au sommet de la tête pour permettre de s’unir avec le divin.


Notre compréhension occidentale ne retient de ces pratiques que l’aspect sexuel, ce qui nous donne ces explications freudiennes sur la symbolique du Shiva lingam et une dérive de la pratique d’éveil tantrique. Si à l’origine, elle est une voie basée sur le contrôle de l’énergie personnelle, sa  connotation  « sexuelle »  donne à croire qu’il s’agit d’un contrôle à travers l’acte sexuel dont la visée est de vivre un niveau de conscience euphorique pour le couple, ce qui n’a aucun rapport et ne peut être nommé yoga.

Son origine est dravidienne,  Skanda était vénéré sous les Gupta dans l'Inde du nord où il était la divinité tutélaire des Chalukya. Il est surtout populaire en Inde du sud sous le nom tamoul de Murugan (le garçon) ou encore Subrâhmanya, Shankamukha, Pāvaki, Saravanan/Saravanam (Bois de Roseaux), Velan (le porteur d'épieu), Sheyyan ou Sheyyavan (le rouge).


Les premières références à Kârttikeya dans la littérature sanskrite remontent au premier millénaire avant Jésus Christ. Il y est fait allusion dans l‘Arthashastra de Kautilya sous le nom de Subrahmanya ; dans les ouvrages de Patanjali ; dans le poème épique Kumarâsambhava et dans l'Atharva-Veda ; à trois reprises, aussi, dans le Mahâbhârata ; enfin, le plus long des Purâna, le Skanda Purana, lui est intégralement dédié. Son culte constituait l'une des six principales sectes de l'hindouisme du temps d'Adi Shankara (début du IXe siècle).

Au nord de l'Inde, on l’imagine comme un célibataire considérant toute femme comme sa mère, aussi les femmes ne le vénèrent-elles pas, craignant qu'en prenant son darshan, elles ne tarderaient pas à devenir veuve…


En revanche, en Inde du sud, on dit qu’il a deux épouses : Devasena, fille d’Indra, le roi des dieux, qu’il obtient en reconnaissance de son courage, et Vallî, une jeune fille d’une tribu qui gagna son cœur alors quelle se trouvait au milieu d’un champ de millet appartenant à son père. Aussi, Kârttikeya est-il très couramment vénéré par les femmes de l’Inde du sud

Shiva est un des dieux trinitaires (Brahma, Shiva et Vishnu) qui est l’origine du monde et dépasse la dualité à laquel est soumise le panthéon divin. Les origines de sa naissance sont impossible à imaginer pour celui qui est depuis l’éternité et qui fait, de par son existence, que nous existons. Tous les autres dieux n'ont acquit l’immortalité que grâce à l’Amrita, nectar recueilli après le barattage de la voie lactée et sont soumis à une opposition permanente avec des démons qui s’acharnent  à bousculer cet ordre pour dominer les trois mondes.

Shiva intervient en tant que destructeur favorable à une transformation ou à la naissance de quelque chose de meilleur. Dans le ménage Shiva - Parvati, il faut dépasser la notion du couple en tant que géniteur pour celle de complémentaire qui sont deux moitiés d’un tout. Si la naissance divine de Ganesh eu lieu de par la volonté de Parvati, le second enfant, son frère, Skanda, naquit de par la volonté du Père. Même les deux enfants du couple sont complémentaires : l’un permettant de triompher en détruisant des obstacles matériels et l’autre en détruisant des esprits démoniaques. On constate toutefois que leur rôle de destructeur/rénovateur est plus orienté vers le monde matériel et spirituel alors que le celui de Shiva est plus global et entier. Dans les différentes versions de sa naissance, l’énergie créatrice de Shiva (semence) ne peut être maitrisée par les dieux, son énergie est bien trop forte et inapte à "s'incarner dans la matière". Elle passe donc par différentes étapes qui ont pour but de l'accomoder et d'en atténuer sa puissance.


De nombreuses histoires existent sur sa naissance mais elles sont similaires dans le déroulement.


Nous trouvons La naissance de Skanda dans le Mahabharata : Livre III (IX-43) :


6 – Autrefois, de la semence émise par le Mahesvara (Shiva) tomba dans le feu et Agni, qui dévore tout, ne pût la bruler, car elle était indestructible.

7- Le lumineux porteur d’offrande (Agni) en fut illuminé et fortifié. Mais il ne put porter cette semence faite d’énergie.

8- Le maître du sacerdoce (Agni) s’approcha alors de Ganga et y déposa cette semence divine, lumineuse comme le soleil.

9- Et Ganga, à son tour, ne pouvant porter cette semence, la déposa sur la belle montagne Himavant, louée des immortels.

10- Et là, le fils du feu, grandit, tournant le dos aux mondes. Les Krttika virent alors ce nouveau né à l’aspect flamboyant,

11- Ce glorieux fils du dieu du feu (Agni), dans une forêt de bambous. Et elles s’approchèrent toutes le voulant pour fils, en disant : « Il est a moi ! »

12- Il comprit leur envie d’être mères, et but leur lait de ses six bouches.

13- Les Krttika, ces déesses au corps divin, furent remplies d’étonnement à la vue de la force de cet enfant.


Nous avons trouvé d’autres variantes dans nos recherches qui donnent la paternité à Agni et Ganga mais nous ne conservons que celles qui sont les plus proches du Mahabharata.



Deuxième version :

Les Dieux, dans un état de détresse indescriptible, suite aux humiliations du démon Târaka vinrent frapper à la porte du Seigneur Shiva pour demander de l'aide. Shiva leur déclara: "Ce qui est arrivé devait arriver, mais celui qui pourra se saisir de ma semence aura le pouvoir de mettre à mort cet Asura".

Seul Agni, le Dieu du feu sacrificiel, put s’en saisir et l'avala mais étant la bouche sacrificielle par laquelle tous les autres Dieux sont nourris, toutes les Divinités furent affligées des mêmes souffrances et de terribles douleurs. Shiva autorisa le dieu du feu à vomir sa semence qui se scinda en parcelles et pénétrèrent, à leur insu, dans les corps des Shaktis (puissances féminines) des 7 Rishis originels (Sages célestes) alors qu'elles prenaient un bain rituel dans le Gange.
       3ème version :

Les dieux souhaitaient que Shiva donne naissance à un enfant, car seul le fils du Grand Dieu serait susceptible de détruire l’horrible démon Taraka qui maltraitait les habitants des royaumes célestes. Mais, à ce moment là, Shiva venait de perdre son épouse, Sati, qui s’était jetée dans les flammes d’un bucher allumé par son père, Daksha. Shiva s’était adonné à la solitude et aux pratiques religieuses les plus austères. Aussi les dieux décidèrent ils, dans un premier temps, de ressusciter Sati sous l’apparence de Parvati pour recréer le couple et ainsi donné une descendance. Lorsqu’elle fut en âge de se marier, elle s’adonna intensément aux pratiques religieuses afin d’être digne d’un grand Dieu. Mais Shiva n’était pas intéressé par les questions familiales et préféra continuer à méditer.
Nouveau paragraphe
Les dieux, alors, conspirèrent avec Kâma, le Seigneur du Désir, pour qu'il décoche sur Shiva, une flèche de fleur, afin d'attiser son désir pour Pârvatî. Quand la flèche de Kâma atteignit Shiva, Celui-ci remarqua Parvati mais aussi Kama. Comprenant le stratagème, Il ouvrit son troisième œil et réduisit le dieu du désir en cendre. Suite aux supplications de Rati, l’épouse de Kâma, il ramena le dieu du désir à la vie mais il ne garderait son corps visible que pour son épouse, restant invisible pour toute autre personne.

Pârvatî put alors s'unir à son divin époux et obtint de lui sa divine semence sous la forme d’une graine qu’elle donna aux Dieux. Son énergie était si ardente qu’elle brûla le dieu du Feu Agni et Vayu, le dieu du vent  pour atterrir dans le Gange qu’elle fit bouillir. La graine mit le feu à la rive et lorsqu’il se fut éteint, les six Krttika (le groupe des étoiles des Pléiades), trouvèrent un enfant à six têtes sous les braises, à l’intérieur d’un lotus. Elles nourrirent l’enfant après l’avoir nommé Karttikeya c'est-à-dire "Fils des Krittika".

Les femmes sont exclues de son culte à cause de son abstinence rigoureuse.
AUTRES NOMS

Kârttikeya porte d’autres noms, comme :

Skanda : "Venu du sperme", "Jet de sperme", en allusion à son origine.
Kumâra : "l’Adolescent", "le Prince", dans le cas où l’on considère ce Dieu comme un adolescent perpétuel; on notera que Kumâra est un épithète que l'on retrouve parfois associé à d'autres divinités comme Agni, ou encore les cinq garçons nés de l'esprit de Brahmâ.

Subrâhmania : "Cher aux Brahmanes".

Agnibhû : "Né d’Agni" car d'autres légendes lui donnent pour père Agni et Ganga pour mère.

Gangabhû : "Né de Gangâ".

Shanmukha : "le Dieu à six têtes". Il est le patron des voleurs. On voit fréquemment des statues du Kârtikkeya Shanmukha au Tamil Nadu où il est très vénéré.

Arumugan : "Celui qui a six têtes" en tamoul.

Murugan : "le Garçon", en tamoul. C'est une divinité locale de la jeunesse et de la guerre en pays tamoul, tardivement incorporée dans les dieux du brahmanisme comme similaire à Kârttikeya. Il est le chef des armées célestes. C’est l’instructeur des guerriers, un destructeur de démons. Sa lance personnifiée Velan danse pour lui parmi les montagnards et détruit les ennemis. C’est le champion des dieux dravidiens. Il est identifié avec le cobra et est représenté monté sur un paon à la queue déployée, armé d’une lance et d’un arc (parfois avec plusieurs bras armés). Il aurait eu deux épouses de basse caste nommées Dewanei (=Devansenâ) et Walliamei (Vallî). Murugan correspond à la divinité hindoue Kârttikeya et est le plus souvent confondu avec le fils de Shiva, Subrâhmanya

Mahasena : "le grand Général", car il est le dieu de la guerre et le chef de l’armée des dieux, supplantant ainsi Indra.

Shaktidharan : "le Porteur de Sakti" car il est doté d’une force immense, et utilise comme arme une lance, ou plutôt une javeline du nom de Sakti ou Velan, qui revient dans ses mains après qu’elle ait atteint son but.

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